Place de Montreuil
Par Patrick Petitjean
Les 9 de Tarnac étaient surveillés comme « ultragauches » selon Alliot-Marie. Les élus demandant le retour de l'eau en Ile de France dans le giron public ont été qualifiés d'ultragauches par Santini. Pour ne pas le faire mentir, Dominique Voynet a utilisé son droit de visite, comme sénatrice, en allant rencontrer, ce matin du 31 décembre, Julien Coupat, une des deux personnes restant emprisonnées dans l'affaire de Tarnac.
La notion d'ultragauche semble donc extensible de manière illimitée pour nos ministres.A bien lire et écouter les déclarations ministérielles et commentaires de journalistes après les arrestations des 9 personnes de Tarnac (et d'ailleurs) le 11 novembre dernier, je m'inquiète : suis-je « ultragauche » ? Si participer à des manifestations altermondialistes, soutenir les sans papiers et les réfugiés politiques italiens, c'est être ultra-gauche, je le suis, avec des dizaines et des centaines de milliers de personnes.On ne peut qu'être très inquiet de la construction policière autour des choix de vie de ces militants, de Tarnac et d'ailleurs, les transformant en « groupe clandestin ». La qualification de « terrorisme » pour des actes de malveillance – toujours sans preuves qu'ils aient été commis par les personnes mises en cause – est lourde menaces pour toutes celles et tous ceux qui refusent de se conformer à l'ordre existant.
Pour tous, cette affaire est un test. Jusqu'à quel point peut-on accepter que l'antiterrorisme permette n'importe quand d'inculper n'importe qui ? Où se situe la limite de la liberté d'expression ? Les lois d'exception adoptées sous prétexte de terrorisme et de sécurité sont-elles compatibles à long terme avec la démocratie ?
Avec des amis de Montreuil, nous sommes d'autant plus sensibles à cette affaire que nous connaissons personnellement Michel Levy, le père d'Yldune, la deuxième personne encore emprisonnée. Fondateur des Nouveaux Robinson, il a participé avec nous, pendant plusieurs années, aux débuts du Poivron, mensuel écolo-alternatif de Montreuil, que nous avons arrêté au printemps dernier lors de son n°100. C'est une raison de plus d'affirmer notre solidarité avec les inculpés de Tarnac.Et de demander la libération immédiate de Julien Coupat et Yldune Levy, emprisonnés sans preuves pour actes malveillants qualifiés d'actes de « terrorisme » depuis le 11 novembre dernier. Bien qu'ils n'aient pas reconnu les faits et qu'ils présentent toutes les garanties de représentation, leur maintien en détention ne peut manquer de préoccuper les citoyens attachés à un bon fonctionnement de la justice et au respect de la démocratie.
Lien vers le texte d'une pétition de solidarité (et le site des comités de soutiens)
Et les élucubrations de Santini
Libération du 26/12/08 publie un droit de réponse de Santini sur le SEDIF.« Le SEDIF s'est donné le temps d'une approche globale, comparative et contradictoire pour être opérationnel en 2011. Encadrée par le code général des collectivités territoriales, cette procédure a été initiée dès novembre 2006, et s'est déroulée selon un comité précis présenté au comité du 14 décembre 2006, connu ainsi de tous les élus depuis l'origine ». NDPP : Santini dénonce Delanoë à Paris pour avoir arrêter une décision de principe (l'eau est un bien publique) sans avoir eu recours à une expertise contradictoire sur les bénéfices de la privatisation.A noter que la démarche de Santini est celle que Brard, à Montreuil, avait fait valider par son conseil municipal en novembre 2007, avec le soutien des élus du PRS, aujourd'hui « la Gauche » mélenchiste qui se prétend en pointe de la lutte pour l'eau publique…
Dans plusieurs communes, en mars 2008, la majorité a changé, et avec eux la position de la commune, la plupart du temps en faveur d'une eau publique. Voilà ce qu'en dit Santini, toujours dans cette mise au point pour Libération : « A l'approche des échéances, l'affolement et la fébrilité ont saisi mes adversaires ! Malgré le soutien politico-médiatique, orchestré notamment par Que Choisir, quelques professionnels de l'agit-prop et des blogs altermondialistes, leur mayonnaise ne prend pas. C'est en définitive un petit groupe d'élus de l'ultragauche, voulant réduire les enjeux du service public de l'eau à son seul prix, qui a souhaité remettre en cause le calendrier annoncé… ».Au final, lors du vote du conseil du SEDIF le 11 décembre dernier : sur 144 communes, il y a eu 88 voix pour Santini, 54 pour l'eau publique. Soit bien moins que de communes de gauche. Les petits arrangements entre droite et gauche ont encore de beaux jours dans ce genre de syndicat intercommunal.
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